Mes sculptures commencent avec la terre même, le matériau le plus plastique qui se prête à la fois, à la construction, au modelage et l’assemblage. Les formes se définissent, non pas dans un sens classique de retrait de matière, mais plutôt dans la tradition céramique : utilitaire, figurative ou architecturale. La création de mon vaste vocabulaire de formes naît du désir de manipuler, modeler, construire.
J’ai plusieurs façons d’aborder une sculpture. Certaines sont assemblées après avoir rempli l’atelier de formes différentes (puisées de carnets de dessins, ou inspirée de photos d’objets, d’outils, d’ornements architecturaux, etc.). D’autres font suite à mon regard critique et à l’amélioration de pièces précédentes. Il y en a même certaines qui commencent avec une image mystérieuse, puisée dans mes rêves.
L’assemblage de ces sculptures suit une logique improvisée, des lois de la nature, de l’apesanteur, des lois biologiques, géologiques ou encore botaniques, qui régissent toute chose qui pousse et se développe.
La couleur joue toujours un rôle important dans mon travail. En fait, la céramique condense, pour moi, tous les autres modes d’expression. C’est le medium le plus basique où la couleur et la forme sont intégrales, où la peinture et la sculpture sont présentes.
Lorsque vient le moment de regarder ma main (rose) tenant un pinçon (pointe noire), la couleur pour ma prochaine sculpture est décidée.
Elle porte toujours en elle un sens. Certains émaux traditionnels sont lourdes de signification comme par exemple les trois couleurs des céramiques chinoises Tang, le céladon, le bleu et le blanc Delft ou Ming. Parfois il est important d’y faire référence.
Souvent, c’est le hasard d’une cuisson qui révèle la couleur et ce qu’elle peut signifier. Par exemple, les effets minéraux, réitération des temps géologiques, véhiculent, pour moi, des impressions de tristesses ou encore de maladie.
La poterie populaire et folklorique aux tons vifs, le monde du cirque, la brillance de Paris et New York sont tous contenus dans la couleur. Il arrive même que des histoires et des souvenirs d’enfance la fasse surgir dans une pièce.
L’improvisation, telle qu’elle est envisagée dans le Jazz, me permets d’amalgamer forme et couleur avec une grande liberté. Mais celle dernière porte en elle une grande exigence tant dans sa forme, son déploiement dans l’espace, que dans son sens.